lundi 25 février 2013

Après le printemps/ Essai Libre-Poètes de brousse.



La lecture de cet essai est plus que pertinente en cette période où la légitimité et l'utilité du sommet sur l'éducation sont remises en cause. Avant tout chose, je tiens à spécifier que j'ai eu un doute en voyant le titre. Fervent militant de la cause étudiante, je ne considère pas le débat terminé avec l’élection du PQ qui n’a rapporté que des fausses promesses électorales et cafouillages.

Cependant, la réflexion que porte cet essai ne me semble pas très profonde et ne démontrer pas une connaissance vraiment approfondit de l'historicité des débats étudiants. Témoin de la langue de bois du gouvernement libéral, l'auteur soulève de bons points de ce débat et pose de bonnes questions pour le futur québécois en matière d'éducation.

- Est-ce qu'on ne devrait pas parler du fonctionnement des universités au lieu du financement?
-Où va véritablement l'argent?
-A-t-on vraiment besoin d'argent ?
-Qui en profite réellement?

Des questions qui m’apparaissent évidentes de se poser et qui ne me semblent pas nécessaire à l'écriture d'un essai complet.

Je trouvais aussi que la constitution de cet essai est trop près du mouvement de grève du printemps dernier sans tenir compte des deux ou trois ans de revendications antérieurs.

Bref, je conseillerais plutôt un essai comme Université Inc pour une plus grande réflexion sur la problématique actuelle.

Note du critique
2/5



mardi 12 février 2013

Mon amoureux est une maison d’automne/ les 400 coups


Mon amoureux est une maison d’automne


Mara Tremblay est d’abord auteure-compositrice-interprète, ceci est son premier roman. La chanteuse a bravé les tabous pour parler de sa maladie mentale publiquement : elle est bipolaire à cycles rapides. Elle aborde ce thème dans son livre, mais aussi ceux de la maternité, des amours compliquées, du deuil d’une mère et de la création artistique. La trame de fond : les saisons, ses ressentis, des ambiances familiales. Le personnage principal se nomme Florence et c’est une peintre.

L’écriture est minimaliste, les chapitres sont courts, les phrases aussi. Le vocabulaire est accessible à tous. Au début, cela semble aéré, prometteur, puis on s’en lasse. Comme si la prose flirtait avec la poésie avec plus ou moins de succès. La même structure revient, alourdit le propos. Un appel à la simplicité ou une rédaction trop rapide?

Faire une sieste.
Reposer corps et esprit.
Reposer.
Repos.

Le tout aurait pu être resserré par moments sans perdre de sa saveur. Le roman est construit un peu à la manière de confidences, de journal intime. Il est écrit à la première personne. Cependant, on ne fait qu’effleurer les situations. On les devine par les impressions qui nous sont dévoilées, mais l’histoire est fragmentée et désordonnée. Deuil de la mère, grossesse, vie de couple, vie de famille, inceste, tout cela se chevauche et s’embrouille.

Le style d’écriture est très sensuel. On nous décrit des couleurs, des odeurs, l'automne, l'amour. C’est aussi un appel à réduire son rythme de lecture et respirer pour bien apprécier ces tranches de vie : une lecture un brin méditative. On suit Florence dans ses trips et dans ses tripes.  

Métier intense et enivrant.
Pas une cenne, plein de cennes, plein de temps,
plus de temps.
Plein de monde, solitude.

Finalement, c’est un peu un recueil de poèmes déguisé en roman. Il y a de belles pensées, mais elles s’éparpillent. Il y a de bons sujets, mais on ne les explore pas en profondeur. L’attention est captée, les émotions sont là et pourtant, on reste sur notre faim. On lit de façon contemplative ou on passe son chemin.

Note de la critique: 3/5

vendredi 1 février 2013

Volière/ L'écrou


Résumé de l'éditeur
Volière c’est désirer que la vie flamboie, c’est voleter entre le sombre et la lumière, l’impudence et la délectation, le laid, le beau, le vrai, le faux; ne pas trop savoir où se poser et prendre des becquetées de tout, sans distinction. Parce qu’il faut scruter à fond pour dégoter des volées de mondes insoupçonnés, les poèmes ont un oeil braqué sur les cieux et l’autre sur la table.


Introduction 

À la différence de Foglia, le recueil de Dumont n'a même jamais touché à ma table de chevet; je l'attendais depuis trop longtemps pour ça. Certains pourraient croire qu'il y a eu beaucoup de critiques sur ce recueil, et qu’il est ainsi décentralisé du but éditorial de Prose diesel. Or, la poésie reste toujours et encore oubliée dans le domaine de l'édition au Québec. Donc, je me fais plaisir. 


Critique 

Frédéric Dumont fait preuve dans son recueil Volière d'une économie de mots sans pour autant minimiser les images transmises.


la voisine
accroche son linge sur la corde

Je me cache sous le mimosa de sa jupe
Chaque fois qu'elle sacre

je dépose ma voix dans la sienne.


Souvent très proches du haïku, les courts poèmes attaquent les scènes de la vie quotidienne avec un certain cynisme et une lucidité qui fait du bien ou qui dérange. En ce recueil, j'ai retrouvé un peu de ce qui me plaît dans le style de Daniel Leblanc Poirier. 

Un mélange de la vie crue de Montréal dans un langage que seule la poésie peut prendre.   

Au bar 

les serveuses sécuriseront 
notre passage vers l'aube;

la plus laide mangera la plus belle.


De ce style, Les Méconnus en disent ceci: «Des poèmes qui tracent, à coups de vers courts, de phrases pas compliquées, de syntaxe pas souvent massacrée, le portrait d’un monde où tout se renverse, pas pour le fun de montrer son envers, mais pour qu’on le regarde pour de vrai, pour une fois. Ça marche avec les choses, avec les événements, mais surtout dans la parole.[...] Dumont opère une sorte de découpage ludique dans la langue : prend une catachrèse, la revire de bord, regarde quesse ça donne. [...] Ça donne surtout un univers où tout est possible, voire où tout peut être beau. »

P.s: les illustrations sont très jolies

Note du critique : 4/5